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Château de Versailles : « Napoléon & Versailles», une offre de visite élargie

L’année 2021 commémore le bicentenaire de la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. Le château de Versailles propose, à cette occasion, une offre de visite élargie. En effet, si beaucoup l'ignorent, Napoléon occupe une place importante dans l'histoire du domaine et lors de la transformation de l'ancienne résidence royale en musée au XIXe siècle. Aujourd’hui, le château de Versailles abrite la plus grande collection iconographique au monde consacrée à la saga napoléonienne


Bonaparte, Premier Consul, franchissant le Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800, Jacques-Louis David, dans la Salle de Marengo © château de Versailles, T. Garnier
Bonaparte, Premier Consul, franchissant le Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800, Jacques-Louis David, dans la Salle de Marengo © château de Versailles, T. Garnier

Napoléon et Versailles, une histoire en deux temps

Même s’il n’a jamais utilisé le château de Versailles comme un palais impérial à part entière, Napoléon s’en est préoccupé tout au long de son règne. Il est le premier artisan de la « reprise en main » de l'ancienne résidence royale depuis la Révolution et fait du domaine de Trianon l’une de ses résidences de campagne.
Napoléon Ier, empereur des Français, Lefèvre, 1806, Attique du Midi © château de Versailles, Dist. RMN, C. Fouin
Napoléon Ier, empereur des Français, Lefèvre, 1806, Attique du Midi © château de Versailles, Dist. RMN, C. Fouin

Plus tard, au XIXe siècle, lorsque Louis-Philippe décide de créer au château de Versailles le musée « dédié à toutes les gloires de la France », il choisit d'y consacrer une grande place à l’épopée napoléonienne et rassemble de nombreuses oeuvres commandées par Napoléon, durant son règne. Le château de Versailles abrite donc aujourd’hui la plus importante collection de tableaux historiques et portraits, commandés par l'Empereur pour sa propre communication entre 1799 et 1815. Ancré dans la mémoire collective depuis deux siècles, mais largement méconnu du public, cet ensemble exceptionnel doit être redécouvert.

Un parcours « Napoléon »
Au Château, le public pourra découvrir l'attique Chimay, nouvellement restauré et dont l'accrochage a été entièrement repensé, ou encore des ensembles iconographiques emblématiques comme la salle du Sacre, ou les salles Empire. Dans le domaine de Trianon, le parcours se poursuit avec les espaces, plus intimes, de vie et de travail de Napoléon et de sa famille. Enfin, dans la galerie des Carrosses, sont présentées les berlines du cortège du second mariage impérial.
De nombreuses visites guidées permettront aux visiteurs d'accéder, dans des conditions privilégiées, à ces lieux et à ces oeuvres souvent méconnus.

Le château de Versailles, sous le Premier Empire

Salle du Sacre © château de Versailles, T. Garnier
Salle du Sacre © château de Versailles, T. Garnier
Napoléon n’a certainement jamais envisagé de faire du château de Versailles sa résidence principale, pourtant, il s'y est très vite intéressé, à l’image des autres palais de la couronne mis à sa disposition dès 1804. C'est sous son règne qu'a eu lieu la reprise en main de Versailles après les événements révolutionnaires de 1789. L'Empereur a fait travailler ses architectes sur des projets de transformation et d’aménagement pour le château. Il a également fait du domaine de Trianon l'une de ses résidences de campagne et y a passé plusieurs séjours avec sa famille.

Etat des lieux et reprise en main
Lorsque Napoléon accède au trône en 1804, le domaine de Versailles a été délaissé depuis le départ de la famille royale en 1789. Si le château a été épargné par les révolutionnaires, il a cependant été vidé de son mobilier et est resté peu entretenu. Plusieurs institutions à caractère culturel occupent les lieux à la fin du XVIIIe siècle comme : le Muséum spécial de l’école française, consacré à la peinture française (dans les Grands Appartements), un cabinet d’histoire naturelle (dans les appartements de Mesdames), des classes musicales (dans le foyer de l’Opéra), une école du modèle vivant (dans l’aile du Nord), un cabinet de physique ou des cours de dessin (dans une aile des Ministres)...

Napoléon nomme en 1804 un architecte en charge du Palais, Guillaume Trepsat, pour mener à bien les restaurations les plus urgentes et indispensables.

Les projets pour le château

Projet de décor des appartements de l'Empereur et de l'Impératrice au château de Versailles, Jacques Gondoin (1737-1818), vers 1807 © RMNGP, F. Raux
Projet de décor des appartements de l'Empereur et de l'Impératrice au château de Versailles, Jacques Gondoin (1737-1818), vers 1807 © RMNGP, F. Raux
Dans les premières années de son règne, l’Empereur fait travailler ses architectes sur la remise en état et le réaménagement du Château. Des essais de restauration des dorures sont menés dans les Grands Appartements, d’importantes commandes de soieries sont passées (notamment pour orner une future salle du Trône, un salon qui n'était présent, à l'époque, qu'au palais des Tuileries, démontrant bien l'importance de Versailles aux yeux de l'Empereur). Les occupants du Château sont progressivement expulsés. Versailles doit être en état de marche afin de pouvoir être, éventuellement, utilisé par le nouveau régime.

Parallèlement, les premiers projets sont commandés aussi bien pour les bâtiments (réflexions sur la modification des façades côté ville et la distribution des appartements) que pour la décoration des salons.

Ce nouvel élan s'intensifie à partir de 1810, au moment du mariage avec Marie-Louise, qui marque un tournant pour l'avenir de l'Empire. Napoléon nomme un nouvel architecte pour le Château : Alexandre Dufour remplace Guillaume Trepsat, alors vieillissant. Dans son journal, Pierre-Léonard Fontaine, premier architecte de l’Empereur, consulté pour la plupart de ses projets, notait en date du 6 janvier 1810 : Versailles est maintenant l’objet de nouveaux débats et de nouvelles incertitudes. Il faut qu’il soit restauré, et rendu habitable pour l’hiver prochain […].

De nouvelles restaurations sont menées sur les façades et des projets utopiques de transformation totale des bâtiments naissent dans l'esprit des architectes. Dufour imagine, par exemple, la suppression de la cour de marbre pour y créer une nouvelle aile perpendiculaire au bâtiment existant et comportant en son centre une salle du Trône. On envisage également la construction d’un théâtre dans l’aile du Midi comme un pendant à la Chapelle... Tous ces projets restent finalement à l’état de dessins.

Pourtant, l’idée de faire de Versailles une résidence fastueuse persiste. En témoigne, à partir de 1810, la confection par le Garde-Meuble impérial de tous les tissus nécessaires à l'ameublement du Château : du brocard le plus riche au damas économique en passant par les velours et les satins. Près de 80 kilomètres d’étoffe sortent des ateliers lyonnais essentiellement.

En 1811, après des années de rivalités entre architectes, de projets conçus puis abandonnés et face à l’importance des ressources financières nécessaires, tout est arrêté.

Fontaine résumera cela, des années plus tard : L’Empereur fatigué des nombreux obstacles qui se dressaient sur chaque point, découragé par le mauvais succès de ses premiers efforts, effrayé du montant des dépenses (…) regretta, en le maudissant, que Louis XVI, dans cet amas d’incohérence, lui eût laissé son faste à utiliser et la Révolution ses excès à réparer.

Les confidences de l'Empereur

Nul ne sait précisément, aujourd'hui, ce que Napoléon aurait choisi de faire de Versailles si le contexte politique et économique avait été différent. Néanmoins ses propos, au soir de sa vie, relatés dans le Mémorial de Sainte-Hélène par Emmanuel de Las Cases nous éclairent à ce sujet :

« Je rêvais d’en tirer parti et d’en faire, avec le temps (…) un point de vue de la capitale ; et pour l’approprier davantage à cet objet, j’avais conçu une singulière idée, dont je m’étais moi-même fait présenter le programme. De ces beaux bosquets, je chassais toutes ces nymphes de mauvais goût, ces ornements à la Turcaret, et je les remplaçais par des panoramas, en maçonnerie, de toutes les capitales où nous étions entrés victorieux, de toutes les célèbres batailles qui avaient illustré nos armes. C’eut été autant de moments éternels de nos triomphes et de notre gloire nationale, posés à la porte de la capitale de l’Europe, laquelle ne pouvait manquer d’être visitée par force du reste de l’univers. »
Les Derniers jours de Napoléon Vincenzo Vela (1820-1891), 1866, château de Versailles © château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / C. Fouin
Les Derniers jours de Napoléon Vincenzo Vela (1820-1891), 1866, château de Versailles © château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / C. Fouin

La légende napoléonienne au cœur du projet de Louis-Philippe à Versailles

C’est sous la Monarchie de Juillet que l’épopée impériale trouve une place de choix à Versailles lorsque Louis-Philippe transforme l'ancienne résidence royale en musée. Le souverain veut apaiser les esprits et réconcilier les Français entre eux après quarante années de changements politiques majeurs (1789-1830).

Il décide donc de créer, dans le Château, des galeries historiques où sont présentés les événements majeurs qui ont fait la gloire du pays. Le projet est lancé en 1834 et les travaux d’aménagement sont confiés à l’architecte du palais, Frédéric Nepveu. Louis-Philippe suit le chantier avec beaucoup d’intérêt, et, de 1834 à 1847, fait près de 400 visites, donnant ses instructions et réglant jusqu’au moindre détail. Le musée est inauguré officiellement en juin 1837.
Inauguration du musée de Versailles, le 10 juin 1837 François Joseph Heim (1787-1865) © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP
Inauguration du musée de Versailles, le 10 juin 1837 François Joseph Heim (1787-1865) © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

Le projet de Louis-Philippe embrasse l’histoire nationale depuis les débuts de la monarchie chrétienne, incarnés par Clovis, jusqu’à sa propre accession au trône en 1830. Toutefois, dans ce musée dédié « à toutes les gloires de la France », trois figures se détachent : Louis XIV, le génie des lieux, dans les Grands Appartements ; Napoléon, dans les ailes du Nord et du Midi ; Louis-Philippe enfin, dont l’histoire s’écrivait jour après jour.

Pourquoi une place si particulière est-elle accordée à l'Empire ?
Alors que se développe la légende napoléonienne (notamment après la publication du Mémorial de Sainte-Hélène par Las Cases en 1823), le nouveau régime cherche à recueillir la ferveur populaire en s’associant au culte impérial et en l’incluant plus largement dans un culte national. Contemporain de Napoléon, le roi des Français veut rallier à son projet de monarchie parlementaire les anciens de l’Empire, qui, comme lui, avaient combattu dans les armées de la Révolution.

Louis-Philippe rassemble à Versailles la totalité des tableaux et portraits historiques commandés par Napoléon, trouvés dans les magasins des musées royaux. Le roi des Français complète également, avec le recul de l'histoire, ce récit officiel par de nouvelles commandes contemporaines. Celles-ci illustrent quelques grands moments oubliés de l’histoire consulaire et impériale.

Le château de Versailles abrite donc, aujourd'hui, la première et la plus importante collection de tableaux historiques et portraits, peints et sculptés, commandés par Napoléon pour sa propre communication, entre 1799 et 1815. Ce sont toutes les images de l'épopée napoléonienne qui sont réunies. Tout le monde connaît ces oeuvres, mais bien peu savent qu'elles sont conservées au château de Versailles.

Les expositions en 2021

En cette année anniversaire, le château de Versailles prête plus d'une centaine d'oeuvres (tableaux, sculptures, mobilier, objets d'art, carrosses, etc...) aux institutions organisant des expositions liées à Napoléon. Il est notamment le grand prêteur de l’exposition événement Napoléon à la Grande Halle de la Villette.

Le rayonnement des collections napoléoniennes du château de Versailles, permet par une politique de prêts volontariste, de poursuivre la politique engagée depuis plusieurs années par l'Établissement, pour mieux faire connaître cette facette de son histoire et de son patrimoine.

A visiter en 2021
Napoléon n’est plus, musée de l’Armée (31 mars - 19 septembre 2021)
Napoléon, Grande Halle de La Villette (14 avril - 19 septembre 2021) (une exposition la RMN - Grand Palais, La Villette et Re Re / Adonis)
Napoléon aux 1001 visages, château de Malmaison (5 mai - 7 septembre 2021)
Napoléon, légendes, Palais Fesch – musée des Beaux – Arts d’Ajaccio (25 juin - 1er octobre 2021)
Un palais pour l’Empereur. Napoléon Ier à Fontainebleau, château de Fontainebleau(14 septembre 2021 - 4 janvier 2022)
Palais disparus de Napoléon, Galerie des Gobelins, Mobilier National (15 septembre 2021 - 15 janvier 2022)
Pour le meilleur et pour l'Empire. Sur les pas de Napoléon Ier à la Monnaie de Paris, Monnaie de Paris (17 septembre 2021 - 6 mars 2022)


Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 30 Avril 2021 à 20:08 | Lu 263 fois

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